Le vote

Un vote est composé de trois choses essentielles et contradictoires : l'anonymat (le contenu du vote ne doit pas pouvoir être relié à la personne ayant fait usage de son droit), l'unicité (chaque votant ne doit pouvoir voter qu'une seule fois) et l'accès (seuls les ayants droit doivent pouvoir voter). Finalement, un vote doit se compter. En Suisse, ce comptage est réalisé à la main par des citoyens convoqués et assermentés à cet effet. Armés de crayons, de papier et d'un peu de salive, ils ouvrent les enveloppes jaunes et comptent à la main tous les cartons de vote. Chaque ensemble de cartons est recompté par un autre citoyen. Après l'annonce officielle, chacun peut contester les résultats : dans ce cas, d'autres citoyens sont à nouveau convoqués et ils procèdent à un nouveau comptage manuel des cartons de vote ayant étés archivés dans les coffres communaux.

L'urne électronique

Il s'agit d'un ordinateur censé remplacer le bulletin de vote dans l'isoloir et censé faciliter le comptage ultérieur. Cette machine permet au citoyen de voter en tapotant sur un écran plutôt qu'en utilisant un stylo. L'émission Nouvo de la TSR du 29 mars 2007 présentait le cas des machines de vote utilisées aux Pays-Bas qui, moyennant une manipulation réalisable dans le secret de l'isoloir, permettaient un trucage important du résultat des votes (transfert de voix). Hormis le trucage technologique nécessitant des connaissances poussées, ces machines posent un problème tout aussi grave : un gravillon commercial est introduit dans les rouages libres de notre démocratie : notre démocratie peut-elle faire aveuglément confiance à une entreprise pour simplifier son processus de vote ? Finalement, connaissant le faible taux de participation aux urnes, cette modernité vaut-elle le risque encouru par notre démocratie ?

Le vote à distance

Les tenants du vote par Internet promettent des augmentations de la participation aux votes par un système plus accessible et plus moderne que l'actuel vote par correspondance (utilisé par 90% des votants). D'autres avantages liés à la nature informatique du système de vote le rendent encore plus attractif : réduction du nombre de citoyens convoqués, plus grande rapidité dans l'obtention des résultats, économies d'échelle (papier, enveloppes, timbres), etc. Techniquement, le problème est d'assurer, comme pour le vote conventionnel, simultanément l'anonymat, l'unicité et l'accès du vote. Des solutions techniques pour assurer ces bases du vote existent et ont été mises en place à plusieurs reprises avec plus ou moins de succès. Cependant, comment pouvons-nous, citoyens de cet État, nous assurer que le vote a bien été réalisé dans les règles, qu'aucune fraude n'a été commise ? En cas de contestation, comment recompter les votes ? Seul un spécialiste en informatique connaissant le système en question pourrait peut-être s'en assurer : et si le système est fourni par une entreprise ?

Le bulletin de vote est dématérialisé, ce n'est plus un carton de vote unique, rempli à la main, et stocké matériellement : le vote devient un concept informatique compliqué. L'urne de vote devient une boîte noire en laquelle les citoyens doivent vouer une confiance aveugle : le processus entre l'action du vote et le comptage devient complètement opaque (afin aussi de protéger l'anonymat des votants). Le contrôle citoyen sur le vote est complètement perdu : voulons-nous sacrifier ce contrôle citoyen sur l'autel de la modernité à tout prix pour gagner 1 à 2% de participation ? Notons finalement qu'une grande partie des acteurs scientifiques du domaine dénoncent le vote électronique dans son entier.

Opaque et invérifiable : Non au vote électronique !

Le système genevois de vote en ligne de 2009 est composé seulement à 80% de logiciels ouverts et vérifiables. Il suffit d'une ligne de code sur des millions pour pouvoir tricher...en mai 2009 pour plus de 46'500 votes reconnus publiquement...

http://www.geneve.ch/chancellerie/communiques/2009/20090423.asp
( asp signifie probablement IBM...)

ce qui est inadmissible vu l'envergure nationale du vote et de la position connue des autorités genevoises contre le référendum RFID.

Nous nous demandons d'ailleurs comment vérifier ces votes par électronique ?

Quelques références :


PS: Le RFID peut être caché de manière très subtile dans les encres...

http://desiebenthal.blogspot.com/2009/03/suisses-face-aux-rfid-non-en-mai-2009.html