vendredi 3 octobre 2008

Pas de pouvoir sans responsabilité.

La crise financière s'est invitée aux Entretiens de Valpré

Il serait peut-être utile de redécouvrir la doctrine sociale de l'Église », invite le patron de Concept Image.

En soirée, le cardinal Philippe Barbarin a d'ailleurs rappelé que « Benoît XVI travaille depuis longtemps à une encyclique sociale ».

Organisés lundi 29 septembre sur le thème du pouvoir, les 7es Entretiens de Valpré, qui réunissent l'Eglise et le monde économique, n'ont pas échappé à la question de la crise financière

«La gestion des risques a transformé les marchés financiers en maxi-loto. » « Les jeunes traders ne pensent qu'à gagner leur premier million. » « On nous demande de cracher du résultat. » Les propos sont tenus en petit comité dans l'un des ateliers de travail programmés lundi 29 septembre dans l'après-midi, lors des Entretiens de Valpré, rencontre annuelle entre l'Église et le monde économique organisée par les assomptionnistes, près de Lyon.

Costumes-cravates impeccables, gestionnaires de fonds, commissaires au compte ou membres de cabinets d'audit s'interrogent sur un univers dont ils connaissent le moindre rouage. Tous ne sont pas aussi virulents. Mais les mots trahissent un profond malaise.

Il aura fallu un prêtre, le P. Dominique Greiner, directeur du département d'éthique à l'Université catholique de Lille (également vice-président du conseil de surveillance de Bayard, propriétaire de La Croix), pour tempérer le « discours ambiant ». « Il faut veiller à ne pas diaboliser le marché financier, dont les acteurs économiques ont besoin pour se développer », insiste le professeur d'économie publique.

"Certains ont perdu de vue la finalité réelle du travail"

Les 7es Entretiens de Valpré n'ont pas échappé à l'examen de conscience planétaire qui s'ébauche, alors qu'une « crise majeure » menace a estimé, le ton grave, l'économiste Jean-Paul Fitoussi. Les 400 cadres dirigeants présents se sont bien demandés « qui décide » aujourd'hui, comme le prévoyaient les organisateurs, qui s'étaient attachés cette année à méditer sur la notion de « pouvoir ». Mais les circonstances ont refait surface au tournant de chaque intervention de prestigieux invités, qui ont déploré, au diapason du criminologue Alain Bauer, « la dilution générale du pouvoir ».

Celui des cabinets d'audit et des agences de notation a fait, au cours de l'atelier sur la finance, l'objet de quelques sarcasmes. « Respecter les règles de bonne gouvernance est insuffisant, insiste un gestionnaire de fonds. La gouvernance se définit également par un système de valeurs. »

Or, « certains ont perdu de vue la finalité réelle du travail, au bénéfice des profits immédiats, estime Robin Treppoz, jeune chef d'entreprise. Les gaspillages actuels interrogent tout le monde, croyants ou non. Il serait peut-être utile de redécouvrir la doctrine sociale de l'Église », invite le patron de Concept Image.

Pas de pouvoir sans responsabilité

« On peut rappeler que Pie XI s'inquiétait déjà en 1931 de voir la finance échapper au contrôle du politique, dans son encyclique "Quadragesimo Anno", glisse le P. Yannick Bonnet, ancien directeur des ressources humaines chez Rhône-Poulenc. De même, aujourd'hui, les rôles sont inversés, quand l'économique devait être au service du politique, et le politique au service de l'éthique. »

En soirée, le cardinal Philippe Barbarin a d'ailleurs rappelé que « Benoît XVI travaille depuis longtemps à une encyclique sociale ». Du point de vue de l'archevêque de Lyon, parrain des Entretiens de Valpré, « une parole sur la finance » ne serait pas superflue.

Pour Renaud Bavrais, cadre dirigeant du constructeur automobile Renault Trucks qui vient à Valpré « donner une dimension spirituelle à (son) travail », le pape, « par ses interventions, encourage déjà chacun à agir en toute responsabilité, conformément au sens que l'on donne à son engagement ».

Pas de pouvoir sans responsabilité, en somme, ont résumé intervenants et participants, qui se sont donné rendez-vous l'an prochain pour réfléchir sur un autre thème au cœur de la crise : les systèmes de rémunération.
Bénévent TOSSERI, à Écully (Rhône)

 www.pavie.ch/mobile

www.pavie.ch
http://ktotv.com/

Aucun commentaire: