dimanche 31 août 2008

Etonnantes déclarations de l’ancien président italien Cossiga au sujet du 11 septembre 2001


Etonnantes déclarations de l'ancien président italien Cossiga au sujet du 11 septembre 2001

Francesco Cossiga, un des présidents de la République qui a le plus marqué l'histoire politique italienne récente, vient de faire une déclaration incroyable au Corriere della Sera, un des principaux quotidiens du pays : selon ses dires l'attaque du 11 septembre 2001 aurait été planifiée et exécutée par la CIA et le Mossad... Coup de folie ? Illumination ? Provocation ? Quoi qu'il en soit pratiquement aucun média traditionnel n'a repris cette étonnante affirmation.

Après le « coming-out  », tout aussi peu médiatique, de Jean-Pierre Chévènement en 2006, voici venu le tour d'un autre ministre de la Défense et de l'Intérieur, devenu en 1985 président de la République italienne.

Des déclarations étonnantes et peu médiatisées

Les déclarations du président Francesco Cossiga du 30/11/2007, à la principale agence italienne (Ansa) et reprises par le Corriere della Sera, (700 000 lecteurs quotidiens), ne peuvent laisser personne indifférent. En effet, en faisant référence à un récent enregistrement attribué au chef d'Al-Qaeda, voici ce que déclare le sénateur à vie italien :

"[Dans cet enregistrement] Ben Laden aurait confessé être l'auteur de l'attaque du 11 septembre 2001 sur les deux tours de New York, alors que tous les milieux démocrates américains et européens, et parmi eux le centre gauche italien, savent très bien que cette attaque désastreuse a été planifiée et exécutée par la CIA américaine et le Mossad avec l'aide du monde sioniste afin d'accuser les pays arabes et pour persuader les puissances occidentales d'intervenir tant en Irak qu'en Afghanistan."

Curieusement, dans son article, le Corriere della Sera ne met pas trop l'accent sur cette incroyable déclaration de Cossiga, mais insiste davantage sur les accusations que Cossiga lance à Berlusconi. En effet tant le titre que le sous-titre ainsi que le chapeau de l'article se focalisent sur une polémique entre Cossiga et Berlusconi. Plus précisément, en faisant référence à l'enregistrement en question (dans lequel Ben Laden « menace » Berlusconi, Sarkozy, Brown, Blair et Aznar). Cossiga déclare qu'il ne s'agit en réalité que d'un montage fictif réalisé dans les studios télévisés (Mediaset) de l'ancien Premier ministre italien... Etonnante déclaration.

Cossiga précise par ailleurs que ce piège a été élaboré afin de créer une vague de solidarité en faveur de Berlusconi au moment même où le Cavaliere était mis en cause par des informations concernant les collusions entre les chaînes publiques de la RAI et les chaînes privées de son groupe Mediaset. En effet, comme le précise une récente dépêche de l'AFP, Berlusconi a été récemment accusé d'avoir infiltré la RAI pendant sa propre présidence au sommet du gouvernement...

Silence radio sur les médias traditionnels. Ceci est d'autant plus étrange qu'habituellement les médias italiens adorent reprendre et commenter à l'infini les déclarations de l'ancien président...


Un président respecté, parfois craint mais pas toujours fiable

Francesco Cossiga n'est pas n'importe qui. Comme nous le rappelle Wikipedia,

« professeur de droit constitutionnel à l'université de Sassari, entré tout jeune dans la Démocratie chrétienne, proche de l'ancien président de la République Antonio Segni, Francesco Cossiga a finalement rejoint l'aile progressiste de son parti, dont le chef était Aldo Moro. Député de 1958 à 1979, sénateur de 1979 à 1985, il a été deux fois sous-secrétaire d'Etat à la Défense (1966-1970) et cinq fois ministre (1974-1978). En particulier, il a été ministre de l'Intérieur de janvier 1976 à mai 1978. Il a re-structuré la police italienne, la protection civile et les services secrets. Il était ministre de l'Intérieur au moment du kidnapping et du meurtre d'Aldo Moro par les Brigades rouges. Il démissionna quand Moro fut retrouvé mort, Via Michelangelo Caetani, le 9 mai 1978. Il a exercé les fonctions de président du Conseil des ministres italien dans deux gouvernements successifs (...). Il a été élu président du Sénat en juin 1983. Il a ensuite exercé, de juin 1985 à 1992, les fonctions de président de la République italienne. Il est élu à une majorité écrasante de députés, de sénateurs et de délégués des régions, y compris ceux du Parti communiste italien qui étaient dans l'opposition. A partir de 1990, il a pris ses distances de la Démocratie chrétienne et ses déclarations (les «  esternazioni ») à la presse et à la télé se sont faites fracassantes. Il démissionna de son poste en avril 1992, donc deux mois avant la fin de son mandat, pour protester contre certains aspects du système politique italien ».

D'une manière générale, même s'il aime souvent mêler vérités, ironie et bluff dans ses attaques, il est globalement respecté par une bonne partie de la classe politique italienne pour son passé, pour son honnêteté intellectuelle et pour son franc parler même si certains affirment en rigolant qu'il est devenu fou depuis quelques années... En même temps, ses déclarations et ses attaques passées le font aussi craindre par certains hommes politiques et industriels (cf. le réseau Gladio plus bas). Cossiga est connu par ailleurs pour ses réflexions "assassines" qui lui ont valu le surnom de "picconatore" (celui qui démolit un mur à coups de pioche).

Cela dit, il possède aussi une tendance à attaquer tous azimuts ses adversaires pour ensuite tout oublier... Cette attitude énigmatique laisse craindre à certains qu'en réalité les déclarations de Cossiga sur le 11/09 seraient une pure provocation, voire du second degré ou un simple piège (même le député Giulietto Chiesa qui pourtant ne croit pas à la théorie officielle des attentats semble avoir quelques doutes)... Mais quelle serait sa motivation à se décrédibiliser ainsi si tel était le cas ? Par ailleurs, il est utile de rappeler que les doutes de Cossiga au sujet du 11-Septembre remontent à 2001. En effet, Cossiga a soupçonné, tout de suite après les attentats, des complicités à l'intérieur du système de sécurité américain (cf. l'interview dans le quotidien italien La Stampa le 14 septembre 2001, reproduite dans l'ouvrage de Griffin Tarpley).


Cossiga et le réseau Gladio

Pour mieux cerner Cossiga, sa personnalité et son rôle dans l'histoire récente italienne, il est utile de se remémorer ce qu'a été l'organisation Gladio dont Cossiga était membre et qu'il a contribué à faire connaître au grand public à la fin de son mandat présidentiel (avec également Giulio Andreotti). Wikipedia offre une synthèse assez claire de ces événements troubles de l'histoire récente italienne et européenne :

"Gladio (Glaive en italien) désigne le réseau italien des stay-behind, cette structure clandestine de l'Otan créée après la Seconde Guerre mondiale pour parer à une menace d'invasion soviétique. On désigne couramment par ce nom l'ensemble des armées secrètes européennes (...).

Gladio a été mis en place dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale sous l'égide de la CIA et du MI6, comme structure de l'Otan répondant directement au SHAPE. Cette structure avait comme fonction de «  rester derrière » en cas d'invasion soviétique, afin de mener une guerre de partisans. Dans cet objectif, des caches d'armes étaient disposées un peu partout.

Cependant, sous direction de la CIA, Gladio aurait aussi tenté d'influencer la politique de certains pays, notamment en Italie, en Grèce ou en Turquie. Ces influences furent désignées en Italie par l'expression «  stratégie de la tension », qui aurait débuté avec l'attentat de la place Fontana, à Milan le 12 décembre 1969, qui devait, selon Vincenzo Vinciguerra, pousser l'État italien à déclarer l'état d'urgence [avec l'aide de la loge maçonnique P2]. Le massacre de la gare de Bologne, de 1980, est également imputé par certains à Gladio. (...)

Le Premier ministre italien Giulio Andreotti a confirmé qu'en 1964 les renseignements militaires italiens avaient rejoint le « comité clandestin allié » dont les États-Unis, la France, la Belgique, la Grèce faisaient notamment partie."


Conclusion

Difficile de se faire une opinion sur cette histoire abradacabrantesque. Une seule chose est sûre : depuis plusieurs mois la désinformation autour du 11-Septembre atteint son paroxysme comme le démontre notre dossier ainsi que l'article de ce jour d'Eric Laurent consacré à la guerre en Iran.

Au sujet de Cossiga, il est peut-être devenu fou, néanmoins il demeure sénateur à vie, activement impliqué dans la vie politique et médiatique de son pays. D'ailleurs, depuis la victoire d'un souffle de Prodi sur Berlusconi, ses votes au sénat ont été souvent déterminants pour empêcher le gouvernement actuel de tomber... Toute la presse italienne commente abondamment le dernier vote salvateur de Cossiga (le 7 décembre dernier), mais n'évoque absolument pas ses déclarations de la semaine précédente... Ce qui fait dire à l'AFP que le gouvernement Prodi reste suspendu à un fil. Un fil bien difficile à dérouler apparemment...




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Avec mes meilleures salutations.

François de Siebenthal
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